Imaginez une échoppe nichée dans un quartier paisible de Tokyo, où les cerisiers en fleur projettent leur ombre délicate sur les pavés. Ici, l’odeur sucrée des dorayakis fraîchement grillés emplit l’air, et chaque bouchée raconte une histoire.
Les Délices de Tokyo de Durian Sukegawa nous invite à découvrir ce lieu en apparence ordinaire, mais où la magie opère, en transformant les vies de ceux qui y croisent son seuil. Avec une plume poétique et délicate, Sukegawa nous plonge dans une exploration de la résilience, de l’apprentissage et de l’acceptation, le tout enveloppé dans un écrin culinaire.
Êtes-vous prêt à écouter la voix des haricots rouges ?
Les personnages : Tokue, Sentarô et Wakana, un trio inattendu
Les personnages du livre Les Délices de Tokyo sont profondément touchants, chacun avec sa propre histoire et ses blessures.
Tokue : Cette vieille femme aux doigts déformés par la maladie est le cœur du roman. Elle incarne la sagesse et la résilience, en transformant l’échoppe de dorayakis en un lieu de transmission. Sa manière d’écouter les haricots rouges, et d’en tirer une pâte parfaite, dépasse la simple recette culinaire. « Il s’agit de bien observer la mine des haricots azuki. De s’ouvrir à ce qu’ils ont à nous dire. » Elle devient une guide spirituelle pour Sentarô, l’aide à trouver un sens à sa vie.
Sentarô : Ancien prisonnier désabusé, Sentarô se contente de gérer l’échoppe sans passion, pour rembourser ses dettes. L’arrivée de Tokue bouleverse sa routine. Sa transformation au fil du récit est inspirante, et sa relation avec Tokue est une leçon de tolérance et de rédemption. « Voilà pourquoi je faisais de la pâtisserie. Je confectionne des mets dont je nourrissais ceux qui avaient accumulé les larmes. » À travers la cuisine, il trouve un moyen de se racheter et de réapprendre à aimer la vie.
Wakana : Cette jeune collégienne, cliente régulière de l’échoppe, se lie d’amitié avec Tokue et Sentarô. Derrière son sourire, elle cache ses propres difficultés familiales. Wakana apporte une fraîcheur au récit et montre que l’amitié et la solidarité peuvent naître des liens les plus improbables.
Les thèmes abordés : Résilience, transmission et acceptation
Les Délices de Tokyo aborde des thèmes universels :
Résilience et rédemption : Sentarô cherche à surmonter les erreurs de son passé. Grâce à Tokue, il comprend que la cuisine est bien plus qu’un métier ; c’est une voie vers la guérison et la rédemption. «Même privé de ces quatre membres, puisque cette maladie n’est pas mortelle, il faut continuer à vivre.» Le roman nous rappelle que, malgré les obstacles, il est toujours possible de trouver un sens à sa vie.
Transmission et apprentissage : Tokue ne se contente pas d’enseigner l’art des dorayakis ; elle transmet également une philosophie de vie basée sur l’écoute et le respect des ingrédients. Cette relation maître-élève devient le cœur du roman, illustre comment le partage du savoir et de la bienveillance peut transformer des vies.
L’acceptation et l’inclusion : La condition de Tokue, autrefois stigmatisée par la société en raison de la lèpre, met en lumière l’importance de l’acceptation de l’autre, au-delà des préjugés. Elle enseigne à Sentarô et Wakana la nécessité de voir au-delà des apparences et de traiter chaque être humain avec dignité.
Les lieux : Tokyo et au-delà, un voyage poétique
Durian Sukegawa nous plonge dans un Tokyo intimiste et poétique. Les descriptions des lieux incitent à explorer la ville d’une manière différente :
L’échoppe de dorayakis : Située dans un quartier tranquille de Tokyo, cette petite boutique devient un microcosme de la vie tokyoïte. C’est ici que les personnages se rencontrent, échangent, et où des transformations intérieures se produisent.
Les cerisiers en fleur : La beauté des sakura traverse le roman, symbolisant à la fois la fragilité et la persistance de la vie. « Cerné par le flamboiement des fleurs de cerisier étincelantes, Sentarô comprit qu’il s’était fourvoyé dans un endroit qui ne relevait pas du monde réel. » Cette imagerie poétique invite les lecteurs à découvrir Tokyo au printemps, lorsque la ville s’habille de rose.
Shinjô dans le département d’Ehime : Tokue a grandi dans cette région, réputée pour ses magnifiques cerisiers. Ce lieu, évoqué dans ses souvenirs, apporte une touche de nostalgie et souligne l’attachement profond de Tokue à la nature et à sa jeunesse.
Forêt du Tenshôen : Un lieu de sérénité qui reflète la paix intérieure que les personnages recherchent. Cette forêt symbolise le lien entre la nature et l’esprit humain, essentiel dans le récit.
Pour les lecteurs désireux de découvrir ces endroits, le Guide du Routard Tokyo est une ressource idéale pour explorer les quartiers tranquilles et historiques de la ville, mais aussi pour s’aventurer dans les régions évoquées par Tokue.
Cuisine japonaise : Une exploration culinaire
La cuisine occupe une place centrale dans le roman, et Sukegawa en fait un véritable art de vivre :
- Les haricots azuki : Ils sont l’ingrédient principal de la pâte de haricots rouges (an) que Tokue prépare avec amour et minutie. Ces haricots sont symboliques, représentant la simplicité et la tradition.
- Les dorayakis : Ces petites pâtisseries, faites de deux pancakes fourrés à la pâte de haricots rouges, deviennent le lien entre les personnages. Leur préparation minutieuse, enseignée par Tokue, illustre l’importance de la transmission des savoirs culinaires.
- Les gobei mochi : Ces brochettes de riz grillé, évoquées dans le roman, sont un autre exemple de la diversité culinaire japonaise. Elles rappellent les traditions locales et les petits plaisirs simples de la vie quotidienne.
Contexte historique : La maladie de Hansen et l’exclusion sociale
Le roman évoque subtilement l’histoire de la maladie de Hansen, qui a longtemps conduit à l’exclusion sociale au Japon. Tokue, qui en a souffert, incarne cette marginalisation. Elle raconte comment les patients étaient isolés dans des sanatoriums et privés de leur dignité. « Il s’est passé tellement de choses ; s’il y a vraiment un Dieu, cela donne vraiment envie de l’attraper pour lui mettre son poing dans la figure. »
À travers son personnage, Sukegawa nous rappelle l’importance de l’inclusion et de la reconnaissance des droits de chaque individu, indépendamment de leur condition physique.
Pour en savoir plus à ce sujet, vous pouvez consulter la page wikipedia sur le musée national de la maladie de Hansen.
Citations inspirantes
Le livre regorge de citations touchantes et poétiques. En voici quelques-unes :
“La nuit, il suffit de tendre l’oreille au murmure des étoiles pour sentir le cours de l’éternité.”
“Nous sommes nés pour regarder ce monde, pour l’écouter. C’est tout ce qu’il demande.”
“Quels que soient nos rêves, un jour, on trouve forcément ce qu’on cherchait grâce à la voix qui nous guide. Une vie est loin d’être uniforme. Parfois sa couleur change du tout au tout.”
Pour découvrir plus de citations poétiques, rendez-vous sur la page Pinterest Globetrotteurs des mots où vous pourrez vous immerger dans l’univers délicat de ce roman.
Distinctions reçues
Les Délices de Tokyo a remporté le Prix des lecteurs du livre de poche 2017, soulignant son succès auprès du public. Ce prix est une reconnaissance de la sensibilité et de la beauté de cette histoire, qui touche au cœur.
Adaptations : Un film primé
Le roman a été magnifiquement adapté en film par Naomi Kawase sous le titre Les Délices de Tokyo (An). Sorti en 2015 au Japon et en 2016 en France, le film met en scène Kirin Kiki dans le rôle de Tokue, Masatoshi Nagase en Sentarô, et Kyara Uchida en Wakana. Cette adaptation cinématographique poétique a conquis le public par sa sensibilité et son esthétique visuelle.
Pour qui ce livre est-il fait ?
Les Délices de Tokyo est idéal pour :
- Ceux qui aiment les récits poétiques et introspectifs.
- Les passionnés de cuisine et de culture japonaise.
- Les lecteurs en quête d’histoires sur la résilience, la transmission et l’acceptation.
En revanche, il pourrait ne pas convenir à ceux qui préfèrent les intrigues rapides ou les récits davantage axés sur l’action.
Durian Sukegawa : Un auteur à l’écoute de la vie
Durian Sukegawa, auteur japonais, utilise sa plume pour explorer des thèmes de résilience et de spiritualité. Voici ses œuvres traduites en français :
- Les Délices de Tokyo 2016 (AN) : Un roman poétique sur l’amitié intergénérationnelle, où la cuisine devient un vecteur de transmission et de guérison entre une vieille femme et un pâtissier en quête de rédemption.
- Le rêve de Ryôsuke 2017 (Ryôsuke no yume) : Une fable philosophique qui suit le parcours d’un jeune homme en quête de spiritualité, à travers ses rencontres avec des personnages aussi insolites que sages.
- L’enfant et l’oiseau 2019 (Kodomo to tori) : Un conte touchant où un enfant, lié d’amitié avec un oiseau mystérieux, découvre la liberté et les secrets de la nature.
- Les chats de Shinjuku 2024 (Shinjuku no neko) : Une immersion dans la vie nocturne de Tokyo, vue à travers les yeux de chats errants et des habitants marginaux de la ville, qui nous offrent des perspectives inédites sur la société japonaise.
Ce qu’il faut retenir
Les Délices de Tokyo est un hymne à la beauté des choses simples, un roman qui célèbre la cuisine et la vie à travers des personnages marqués par la douleur mais unis par la pâtisserie. Une lecture douce et apaisante qui incite à savourer chaque instant.
Envie de vous plonger dans Les Délices de Tokyo ?
Si cette aventure sensorielle vous intrigue, retrouvez Les Délices de Tokyo de Durian Sukegawa sur Amazon et Fnac.com.
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