« Quand on aura vu toute une forêt grandir, c’est qu’on aura vécu. » Cette phrase, prononcée par l’un des personnages, résume à elle seule toute la puissance de ce roman. La forêt est là, immuable, témoin des drames et des renaissances. Mais les hommes, eux, sont de passage, façonnés par le vent, le froid et les épreuves d’une vie rude.
Il y a des romans qui vous happent lentement, comme une brume qui envahit peu à peu les sous-bois, jusqu’à ce que vous ne puissiez plus en sortir. Celui qui a vu la forêt grandir fait partie de ceux-là. Entre saga familiale et nature writing, il nous plonge dans l’histoire d’Unni, contrainte de fuir la Norvège en 1897, et de Kâra, un siècle plus tard, qui tente de comprendre les silences et les ombres qui hantent encore leur maison isolée dans le Hälsingland. Deux femmes, deux époques, une forêt qui relie les âmes et les secrets.
Un roman où la nature devient un refuge autant qu’une menace, où la résilience s’apprend au rythme des saisons, et où chaque arbre semble murmurer des souvenirs enfouis. Lina Nordquist signe ici une fresque intense et bouleversante, où chaque mot porte le poids d’une vie entière.
Prêt(e) à remonter le fil du temps et à vous laisser envoûter par la magie sauvage du Hälsingland ?
Informations essentielles
- Titre original : Dit du går, följer jag
- Auteur : Lina Nordquist
- Traduction : Marina Heide
- Année de publication en France : 2023
- Genre : Roman, nature writing, saga familiale
- Distinctions : Mention spéciale du jury du Prix Littérature Nordique 2023, Prix du livre de l’année en Suède (2022), Prix des libraires 10/18, Sélectionné parmi les meilleurs romans nordiques de l’année par L’Express
Où se procurer le livre ?
🔗 Lien Amazon
🔗 Lien Fnac
Résumé : Une histoire de survie et de secrets
1897. Fuyant un passé qui pourrait lui coûter la vie, Unni traverse les montagnes enneigées de Norvège avec son compagnon Armod et leur bébé. De l’autre côté de la frontière, dans le Hälsingland suédois, ils trouvent refuge dans une ferme abandonnée, au cœur d’une forêt aussi majestueuse qu’implacable. Là, Unni doit réapprendre à vivre, à apprivoiser la terre, à protéger sa famille. Mais les arbres ont une mémoire, et certains secrets ne peuvent rester enterrés indéfiniment.
1973. Dans la même maison, deux femmes se font face : Bricken, veuve depuis peu, et Kâra, marquée par les non-dits et le poids des générations passées. Entre elles, les ombres du passé s’infiltrent dans chaque silence, chaque regard, chaque souvenir que l’on préférerait oublier.
De l’exil à la reconstruction, Celui qui a vu la forêt grandir est une ode à la résilience, à l’amour maternel et à la nature sauvage qui façonne les destins. Lina Nordquist tisse un récit où le temps n’efface rien, mais où chaque génération peut tenter de réécrire son héritage.
Personnages marquants : Des destins liés par le silence et la survie
Dans Celui qui a vu la forêt grandir, Lina Nordquist compose une galerie de personnages profondément humains, façonnés par les épreuves et les non-dits. À travers les générations, ces figures s’affrontent, se protègent et s’aiment, prisonnières d’un héritage qui pèse autant qu’il les définit.
Unni est le cœur battant du roman. Femme forte et déterminée, elle fuit la Norvège pour échapper à la condamnation. Sa relation avec la nature est fusionnelle : elle y puise sa force et ses remèdes, mais elle doit aussi s’y confronter dans une lutte de chaque instant. Son amour pour ses enfants est absolu, mais elle porte aussi le poids du secret, une ombre qui la suit et façonne son destin.
Armod, son compagnon, est un homme de peu de mots mais d’une loyauté sans faille. À ses côtés, Unni trouve un soutien indéfectible, un amour simple et brut qui se manifeste dans les gestes du quotidien. Il incarne la figure du père aimant, mais aussi celui qui accepte de se taire pour protéger ceux qu’il aime.
Roar, leur fils aîné, grandit dans un monde où il faut se battre pour survivre. Tourmenté par des questions sur son passé et son identité, il oscille entre l’admiration et la colère envers ses parents. Son évolution est l’une des plus marquantes du roman : de l’enfant fragile à l’homme brisé par la vie, son destin est l’un des plus tragiques.
Bricken, l’épouse de Roar, est une femme à la fois dure et sensible. Sa relation avec Kâra, sa belle-fille, est marquée par l’incompréhension et le ressentiment. Pourtant, sous cette tension apparente, c’est aussi une tentative maladroite de transmission et de survie dans un monde qui ne pardonne rien aux faibles.
Kâra, quant à elle, incarne la génération qui hérite des blessures du passé sans toujours en comprendre l’origine. Elle se bat contre ses propres démons, tente d’échapper à l’inertie qui guette ceux dont la vie est façonnée par les secrets des autres. Sa relation avec Roar est un mélange d’admiration et de douleur, tandis que sa confrontation avec Bricken est le reflet d’un cycle familial difficile à briser.
Chaque personnage de cette fresque familiale porte en lui des blessures invisibles, des désirs inavoués et des espoirs fragiles. Entre amour et survie, Lina Nordquist explore avec finesse la transmission des silences et la façon dont le passé continue d’écrire l’histoire de ceux qui lui succèdent.
Contexte historique : Entre oppression et survie dans le Grand Nord
Celui qui a vu la forêt grandir s’ancre dans une réalité historique marquée par les inégalités sociales, la condition féminine et la dureté de la vie rurale en Scandinavie. À travers deux temporalités – la fin du XIXe siècle et les années 1970 –, Lina Nordquist nous plonge dans un monde où les traditions sont aussi pesantes que la neige qui recouvre les forêts du Hälsingland.
À la fin du XIXe siècle, une Scandinavie en mutation
En 1897, Unni est contrainte de fuir la Norvège, accusée d’avoir pratiqué des avortements clandestins, un crime sévèrement puni à l’époque. Dans une société dominée par une église toute-puissante et une morale inflexible, les femmes qui enfreignent les règles sont condamnées à l’exil ou à l’opprobre sociale. Cette période est également marquée par l’exode rural : de nombreux paysans abandonnent les terres ingrates pour chercher une vie meilleure dans les villes ou à l’étranger, notamment aux États-Unis. Mais Unni et sa famille prennent un chemin inverse, choisissant l’isolement d’une ferme délabrée au cœur de la forêt suédoise pour survivre.
La nature elle-même est un acteur clé de cette époque. Loin d’être une simple toile de fond, elle façonne la vie des personnages. La rigueur du climat, la rareté des ressources et l’omniprésence de la forêt font écho aux épreuves traversées par Unni et les siens. L’économie locale repose alors sur l’exploitation forestière et l’agriculture de subsistance, des activités impitoyables qui exigent un labeur incessant.
Les années 1970 : un monde en transition
Presque un siècle plus tard, le Hälsingland a changé, mais les traces du passé persistent. En 1973, les femmes ont gagné des droits, mais l’émancipation est loin d’être une réalité pour toutes. Kâra et Bricken, enfermées dans un quotidien fait de non-dits et d’héritages familiaux pesants, incarnent ces générations de femmes qui oscillent entre modernité et traditions oppressantes.
Cette période est aussi celle de la transformation de la Suède en un État-providence. Tandis que les grandes villes bénéficient de la prospérité économique et du progrès social, les régions rurales comme le Hälsingland restent en marge. La ferme où se déroule l’intrigue devient ainsi un microcosme figé dans le temps, où les fantômes du passé continuent d’exercer leur influence sur le présent.
En s’appuyant sur ce contexte historique rigoureusement documenté, Lina Nordquist fait bien plus que raconter une histoire de famille. Elle met en lumière la brutalité des conditions de vie, la force de ceux qui y survivent, et la difficulté de s’affranchir du poids des traditions. L’Histoire, loin d’être un simple décor, devient une force invisible qui modèle les destins de chaque personnage, les enfermant ou leur offrant, parfois, une chance de renaissance.

Les lieux évoqués : La forêt suédoise, refuge et prison des âmes
Dans Celui qui a vu la forêt grandir, Lina Nordquist ancre son récit dans des paysages contrastés, où la nature façonne autant les destins que les hommes. Entre l’immensité boisée du Hälsingland et les terres glacées de Norvège, les personnages évoluent dans des lieux qui deviennent les reflets de leurs luttes et de leurs espoirs. Ces décors ne sont pas de simples toiles de fond ; ils sont le théâtre silencieux des drames et des renaissances, des exils et des enracinements.
📍 Trondheim – Norvège
C’est dans cette ville portuaire qu’Unni et Armod se rencontrent, et que leur histoire commune débute. Marquée par ses rues pavées et ses maisons colorées, Trondheim est un lieu de promesses et de départs, un point d’ancrage avant la fuite. Lorsqu’ils décident de quitter la Norvège, ce n’est pas seulement un territoire qu’ils abandonnent, mais une vie entière.
📍 Les berges du Jonsvatnet – Norvège
Unni traverse ce lac en fuyant la Norvège, donnant le coup d’envoi de son périple. Ce plan d’eau aux reflets changeants devient un symbole du passage entre deux mondes : celui qu’elle laisse derrière elle et celui qu’elle doit affronter. La peur et l’espoir s’y entremêlent, rappelant que chaque exil est une blessure autant qu’une promesse.
📍 Le passage de la frontière suédoise par le Härjedalen
Après dix-neuf jours de marche harassante, Unni, Armod et Roar atteignent enfin la Suède. Cette traversée, effectuée dans des conditions extrêmes, symbolise leur lutte pour la survie et leur volonté de se réinventer. Mais la frontière physique n’efface pas les cicatrices du passé : elles les accompagnent jusque dans leur nouvelle vie.
📍 Le Hälsingland – Suède
Région sauvage du nord de la Suède, le Hälsingland est un personnage à part entière du roman. Avec ses forêts denses et ses terres agricoles, il offre un refuge autant qu’un piège. Les saisons y dictent le rythme de l’existence, imposant aux habitants un combat permanent contre les éléments. Ce territoire est celui de la solitude et de la résilience, où l’homme n’a d’autre choix que de composer avec la nature.
📍 Rävbacka – Suède
C’est ici que la famille trouve refuge dans une cabane en bois délabrée, échappant à la justice norvégienne. Rävbacka incarne le point de départ d’une nouvelle existence, où Unni met à profit ses connaissances des plantes médicinales pour assurer la survie des siens. « Les toiles d’araignées tissées aux quatre coins de la cabane et de l’abri à bois, je les ai gardées en cas de blessure à faire cicatriser, » confie-t-elle, illustrant son lien viscéral avec la nature.
📍 Le long des remous du Glossboån et du lac d’Orsjon – Suède
Ces étendues d’eau, bordées de forêts et de terres agricoles, rythment la vie des personnages. Elles sont à la fois nourricières et menaçantes, des lieux où se croisent la contemplation et le danger. Lina Nordquist en dresse un portrait saisissant, jouant sur les contrastes entre la beauté brute des paysages et l’hostilité qu’ils peuvent receler.
📍 La forêt autour de Sörvreten – Suède
Au cœur du récit, la cabane de Sörvreten est bien plus qu’un lieu de vie : c’est un héritage, un fardeau, un refuge. C’est là que se succèdent les générations, qu’Unni s’installe, que Dag grandit et que se nouent les relations complexes entre les personnages. La forêt qui l’entoure est omniprésente, exerçant son emprise sur leurs existences. « La forêt, c’est notre pain, Unni. Les gens des forêts ne peuvent pas se permettre d’avoir peur des arbres, » déclare Armod, résumant la relation ambivalente des habitants avec leur environnement.
Envie d’explorer ces paysages nordiques ?
🔗 Guide du Routard Norvège – Pour suivre les traces d’Unni, des ruelles de Trondheim aux paysages du Jonsvatnet.
🔗 Guide du Routard Suède – Pour découvrir le Hälsingland, ses forêts profondes et ses lacs scintillants.

Thèmes et messages du livre : Héritages invisibles et combats silencieux
Celui qui a vu la forêt grandir est un roman d’une densité émotionnelle rare, où Lina Nordquist explore les thèmes de la survie, de la transmission et du poids des silences familiaux. À travers plusieurs générations, elle tisse un récit qui interroge la manière dont les blessures du passé façonnent les destins, parfois malgré ceux qui les portent. Entre la rudesse de la nature et celle des relations humaines, l’autrice met en lumière les luttes intérieures et les quêtes d’émancipation qui transcendent le temps.
La survie et la résilience : un combat contre la nature et contre soi-même
Dès les premières pages, le lecteur est plongé dans une réalité brutale : celle d’Unni, contrainte de fuir son pays et de tout reconstruire à partir de rien. Sa survie est physique – nourrir ses enfants, affronter la rudesse des hivers scandinaves, faire face aux épreuves de la pauvreté – mais elle est aussi mentale. Comment rester debout quand tout pousse à s’effondrer ? Unni incarne cette résilience implacable, cette force presque animale qui refuse de céder malgré la faim, l’isolement et la peur. Ce thème résonne particulièrement avec les récits de migration ou d’exil que l’on peut observer aujourd’hui, où la quête d’une vie meilleure est souvent synonyme de sacrifice.
L’héritage du silence et les cicatrices invisibles
Le roman met en lumière les non-dits et les secrets qui traversent les générations, avec un effet boule de neige : ce qui n’est pas exprimé ne disparaît pas, mais se transforme en fardeau pour ceux qui restent. Kâra, vivant un siècle après Unni, est elle aussi prisonnière d’une histoire qu’elle ne maîtrise pas complètement. Le silence autour des origines de Roar, les tensions inexprimées entre Bricken et elle, ou encore l’absence de réponses aux questions qu’elle n’ose pas poser, illustrent cette transmission involontaire des blessures du passé. Ce thème est universel : combien de familles portent en elles des secrets qui, à force d’être tus, finissent par modeler les relations et les choix de chacun ?
L’amour maternel : Une force salvatrice et destructrice
Unni incarne un amour maternel inconditionnel, prêt à tout pour protéger ses enfants, quitte à s’oublier elle-même. Mais cet amour est aussi un poids : il est à la fois une source de force et une chaîne qui empêche d’avancer. Roar, lui aussi, grandit avec une mère qui le chérit mais qui lui transmet malgré elle ses propres souffrances. Cette dualité entre protection et transmission involontaire du malheur fait écho aux réflexions contemporaines sur l’éducation et les relations parentales : peut-on réellement préserver ses enfants de ses propres cicatrices ?
La nature : Une alliée et une menace
La forêt est omniprésente, presque vivante. Elle protège autant qu’elle met à l’épreuve. Elle est le témoin silencieux de la vie d’Unni, puis de celles de ses descendants. Dans un monde où l’homme dépend encore totalement de son environnement, la nature est une compagne quotidienne, parfois clémente, souvent implacable. Ce rapport ambivalent rappelle notre propre relation à l’environnement aujourd’hui : entre fascination et exploitation, entre besoin de retour à la nature et prise de conscience des dangers qu’elle recèle.
Les cercles vicieux de la misère et des choix imposés
Enfin, Celui qui a vu la forêt grandir est un roman sur l’enfermement. En quittant la Norvège, Unni pensait échapper au sort qui lui était réservé, mais sa fuite ne lui permet pas de briser totalement les chaînes du passé. Roar, Kâra, Bricken… tous sont à leur manière piégés dans des schémas qu’ils n’ont pas choisis. Cette fatalité, ce poids du destin, est une réflexion puissante sur les inégalités sociales : certains naissent avec la liberté de choisir, d’autres passent leur vie à lutter pour se défaire d’un héritage qu’ils n’ont pas demandé.
Pourquoi ce livre résonne-t-il aujourd’hui ?
Parce qu’il parle de la transmission des blessures, de la lutte pour survivre et de la quête d’identité. Parce qu’il explore les liens invisibles qui nous attachent à nos origines et aux histoires qui nous précèdent. Parce qu’il rappelle que même dans la rudesse du monde, il existe des moments de lumière – une étreinte fraternelle, un paysage baigné de soleil, un rire échappé malgré tout.
Citations marquantes : Quand les mots frappent au cœur
Certaines phrases de Celui qui a vu la forêt grandir résonnent comme des mantras, imprégnant le récit d’une profondeur saisissante. Elles cristallisent à elles seules la dureté de l’existence, la résilience face à l’adversité et la beauté fugace des instants partagés.
« Quand on aura vu toute une forêt grandir, c’est qu’on aura vécu. »
Cette phrase symbolise la patience et le poids du temps. Elle illustre la manière dont la nature, omniprésente dans le roman, devient un témoin silencieux de la vie qui s’écoule. Grandir aux côtés d’une forêt, voir les saisons défiler et les arbres s’élever, c’est éprouver la profondeur du temps et mesurer l’empreinte laissée par une vie.
« Nous qui avons le travail et la grâce avec nous, nous devons agrandir notre table, et non notre clôture. »
Ce passage traduit une philosophie de partage et de solidarité, contrastant avec l’individualisme que l’on retrouve parfois dans le récit. Dans un monde rude où la survie est une lutte, cette invitation à l’ouverture et à l’entraide résonne comme une lueur d’espoir.
« Les pleurs ont le goût de l’océan. L’océan a le goût des pleurs. »
L’image est poétique et déchirante. Elle évoque la douleur indicible du deuil et du chagrin, une souffrance qui, à l’image des marées, semble infinie et impossible à contenir. Cette citation reflète la mélancolie qui habite les personnages, en particulier Kâra, dont la vie est marquée par la perte et les non-dits.
« La forêt, c’est notre pain, Unni. Les gens des forêts ne peuvent pas se permettre d’avoir peur des arbres. »
Dans un roman où la nature est un personnage à part entière, cette phrase traduit l’idée que la survie est indissociable de la capacité à cohabiter avec son environnement. La forêt est à la fois un refuge et une menace, une source de vie et une force indomptable. Apprivoiser la nature, c’est apprendre à l’aimer et à la respecter, au risque d’être dévoré par elle.
Ces citations ne sont que quelques éclats d’un texte riche en émotions. Chacune d’elles incarne un fragment d’histoire, un instant figé dans l’intensité du roman.
Mon avis : Un roman qui happe et bouleverse
Dès les premières pages, Celui qui a vu la forêt grandir déploie une atmosphère dense et immersive. Pourtant, l’entrée dans le récit ne se fait pas sans heurt. L’alternance des voix entre Unni et Kâra, associée à une narration riche en descriptions, m’a d’abord déstabilisé. Il a fallu quelques chapitres pour que les pièces du puzzle s’assemblent et que je me laisse happer par cette fresque familiale.
Puis, tout s’est accéléré. Une fois immergée dans cette histoire, j’ai ressenti chaque battement de vie au cœur de la forêt suédoise : le froid mordant, l’humidité qui s’infiltre, l’odeur du bois et de la terre. Lina Nordquist parvient à rendre la nature presque palpable, en en faisant bien plus qu’un décor, un véritable personnage.
Ce qui marque profondément, c’est la force des liens familiaux et l’omniprésence des secrets enfouis. Il y a une tension sourde tout au long du roman, une sensation d’inéluctabilité qui maintient en haleine. Certains passages sont d’une dureté saisissante – la faim, l’exil, la violence subie –, mais ils ne tombent jamais dans le pathos. Chaque souffrance trouve un écho dans la résilience des personnages, notamment dans la relation entre Unni et ses enfants.
Et puis, il y a cette fin, inattendue, qui laisse une sans voix. Un roman qui ébranle, qui interroge sur l’héritage que l’on porte et la manière dont la nature façonne nos existences. Une lecture dont on ne sort pas indemne.
Si vous avez été captivé(e) par ce roman, vous pourriez également aimer Là où nous avons existé, une autre fresque bouleversante de Lina Nordquist. À travers une nouvelle saga familiale ancrée dans le Hälsingland, elle aborde la fraternité, les héritages invisibles et la quête de rédemption à travers les générations. Découvrez mon avis ici : [Là où nous avons existé].


Pour qui ce livre est-il fait ?
Celui qui a vu la forêt grandir est idéal pour :
- Les amateurs de sagas familiales et de récits ancrés dans la nature, qui explorent la complexité des liens entre les générations.
- Ceux qui apprécient les histoires mêlant drame psychologique et suspense, dans un cadre nordique authentique.
- Les lecteurs sensibles aux thèmes de la résilience, des secrets de famille et de la condition féminine, dans un contexte historique réaliste.
En revanche, ce roman pourrait ne pas convenir aux lecteurs qui recherchent des intrigues rapides ou des récits légers. Si vous préférez des histoires contemporaines ou des récits purement divertissants, Celui qui a vu la forêt grandir pourrait ne pas répondre à vos attentes.

Lina Nordquist : L’alchimiste des émotions nordiques
Lina Nordquist, c’est un nom qui évoque la magie brute des forêts scandinaves et la chaleur d’un engagement citoyen vibrant. Son écriture, à la fois délicate et incisive, transforme chaque paysage en une toile où se mêlent les teintes glacées du Nord et la passion de l’âme humaine.
Née à Uppsala, ville où savoir et mystère se côtoient, Lina a fait de ses études en médecine et en santé publique bien plus qu’un parcours académique : elles sont la base d’une vision du monde profondément humaniste. Entre les couloirs feutrés de l’Université d’Uppsala et l’effervescence des débats politiques, elle a su puiser l’inspiration pour des récits qui touchent au cœur de nos expériences les plus intimes.
Dans Dit du går, följer jag (2022), la version originale en suédois de Celui qui a vu la forêt grandir, elle nous convie à une balade sensorielle au cœur des forêts silencieuses, où chaque arbre semble chuchoter un secret ancestral. La version française, Celui qui a vu la forêt grandir (2023), primée comme livre de l’année en Suède, révèle avec finesse comment la nature peut devenir le miroir de nos propres combats et espoirs.
Mais l’aventure ne s’arrête pas là. Avec Là où nous avons existé (2025), Lina Nordquist ouvre une nouvelle page de son univers littéraire. Ce roman est une invitation poétique à explorer les lieux chargés de mémoire – ces espaces qui, tout en étant le témoin silencieux de nos vies, dévoilent les histoires oubliées de nos racines. À travers ce voyage, l’auteure nous interroge sur notre rapport au temps et à l’appartenance, nous poussant à nous souvenir d’où nous venons pour mieux comprendre qui nous sommes.
Si Celui qui a vu la forêt grandir vous a touché(e), vous trouverez dans ce nouveau récit une émotion tout aussi poignante. [Découvrez mon avis ici : Là où nous avons existé]
En oscillant entre la rigueur d’un engagement politique et la douceur des paysages de Hälsingland, Lina Nordquist ne se contente pas de raconter des histoires. Elle fait de chaque mot une ode à la vie, une célébration de cette force tranquille qui naît de la vulnérabilité et de la résilience.

📌 Partagez cet article sur Pinterest
N’oubliez pas d’épingler cet article sur Pinterest pour le retrouver plus facilement et n’hésitez pas à vous abonner à notre compte Poropango.
Certains liens dans cette page sont des liens d’affiliation, ce qui signifie que je pourrais recevoir une petite commission si vous effectuez un achat, sans frais supplémentaires pour vous. Ces commissions m’aident à maintenir la qualité du contenu du site Poropango. Merci de soutenir mon travail en utilisant ces liens lorsque cela vous convient !
0 commentaires